Délégation académique au numérique éducatif

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Rapport sur les collèges numériques.

Article mis à jour le 29 juin 2023

Présentation du rapport sur les collèges connectés

I. Introduction.

Le présent rapport fait suite à une précédente étude menée en 2010, à la demande du délégué académique des TICE et confiée au laboratoire STEF, concernant les usages du numérique dans cinq collèges expérimentaux. Cette étude se centrait principalement sur les enseignants « innovateurs ». Deux ans après cette enquête, en accord avec le délégué académique des TICE, l’équipe a souhaité faire le point sur la situation, mais en élargissant cette fois son champ d’investigation à des enseignants non spécialistes du numérique, afin de prendre la mesure des dynamiques à l’œuvre dans les établissements. Pour interroger les enseignants, l’équipe a conduit son enquête au moyen d’un questionnaire détaillé (ci-joint en annexe). Le rapport est précédé du compte rendu d’une « enquête par questionnaire auprès d’élèves de 5ème au printemps 2011, laquelle n’avait pas pu être jointe au rapport de septembre 2010. Le rapport, à proprement parler, s’ouvre sur une analyse du contexte, de « la situation des établissements », plus précisément sur les caractéristiques générales des collèges expérimentaux : leur taux et leur type d’équipement (ainsi que celui des élèves), leur implantation territoriale, la composition des équipes pédagogiques, l’évolution du rôle du référent numérique, la gestion et la maintenance des équipements, les difficultés matérielles et techniques rencontrées, les évolutions constatées dans les usages du numérique. De manière synthétique, il apparaît que dans les contextes des collèges visités, les technologies ne sont pas une préoccupation principale pour les enseignants, le plus important étant d’assurer la réussite de leurs élèves au brevet des collèges et le passage en seconde générale. Dans un second temps, le rapport expose la méthodologie retenue pour élaborer les questionnaires soumis aux enseignants afin de recueillir les informations nécessaires à l’évaluation des évolutions des usages qu’ils font du numérique dans leur pratique pédagogique, en classe ou autour de la classe. Les données recueillies permettent ensuite de proposer quelques éléments d’interprétation et, en conclusion des éléments de réflexion, de discussion Des entretiens et du questionnaire, il ressort que les initiatives individuelles s’essoufflent sans un matériel et des infrastructures disponibles et fiables ainsi que le soutien d’une institution stable. En revanche, on remarque que les utilisations autour de la classe sont assez fréquentes et stables, principalement pour la préparation des cours, la saisie des absences et le remplissage du cahier de texte en ligne. La saisie de notes est par contre source de différentes tensions

II. Pistes de discussion et de réflexion.

1. Question de méthodologie.

On rappelle, en premier lieu, que la présente étude se base sur l’analyse de la situation de 4 collèges d’une académie très étendue, présentant des contrastes en termes de types d’agglomération et de population. Ces collèges « expérimentaux » sont mieux dotés en technologies que d’autres. L’échantillon est contrasté puisque 2 établissements sont classés ZEP, l’un d’entre eux se situe en zone semi-rurale. On a aussi remarqué précédemment que la moitié des établissements connaît un renouvellement fréquent des équipes pédagogiques. Malgré ces caractéristiques qui tendent à donner une assez bonne congruence aux résultats obtenus, on rappelle également que les données sont d’ordre déclaratif et que le protocole de recherche n’a pas pu être identique dans chaque établissement, notamment parce que les équipes, en fonction des changements constatés, ont été plus ou moins coopérantes. En général, la détermination des variables affectant les utilisations des TICE nécessite des méthodologies plus lourdes que celles adoptées au cours de cette étude. La diversité des situations n’empêche cependant pas de formuler un ensemble d’hypothèses qui mériteraient d’être mises à l’épreuve au cours de futurs travaux. Il apparaît donc que les utilisations des TICE, dans ces collèges expérimentaux, posent un certain nombre de problèmes aux équipes pédagogiques, quel que soit le niveau de responsabilité des personnes interrogées. Alors que les enquêtes portant sur les technologies ont tendance à « attirer » les enseignants utilisateurs ou favorables aux TICE, les résultats montrent que les différents plans de dotations ont de faibles impacts sur les pratiques de classe. Si les utilisations des technologies sont fréquentes pour la préparation des cours, avec une prédominance de consultation des sites académiques, les utilisations en contexte scolaire se concentrent autour de pratiques liées à la vie scolaire, qui ont parfois été rendues obligatoires, comme le remplissage du cahier de texte numérique ou l’appel et la saisie des absences. Un contraste se remarque entre les réponses au questionnaire et les observations au sujet de la saisie des notes : alors que 87 % des enseignants déclarent dans le questionnaire qu’elle est « utile », beaucoup de ceux rencontrés en salle des professeurs protestaient contre la surcharge de travail occasionnée puisque les logiciels utilisés, peu fiables, les contraignaient à conserver une version papier. Ceci montre que la passation de questionnaire n’est pas suffisante pour obtenir des interprétations lisibles et cohérentes ; il convient d’adjoindre des phases d’observations participantes étendues dans le temps.

2. Les usages du numérique les plus fréquents au sein de la classe.

En classe, l’utilisation d’un ordinateur et d’un vidéoprojecteur reste la plus fréquente et peu de ces pratiques favorisent concrètement la mise en activité des élèves. Ces observations entrent en corrélation avec le petit nombre d’élèves déclarant utiliser l’ordinateur à des fins scolaires. Il paraît également probable que le matériel n’est pas disponible de la même façon pour tous les enseignants. L’effet de genre cumulé aux variations enregistrées en fonction de l’ancienneté tend à montrer que les jeunes enseignantes ont moins accès aux équipements. Cela pourrait être expliqué par un « effet discipline », distinguant celles « prioritaires » des autres, mais les caractéristiques des répondants au questionnaire ne remplissent pas les conditions de vérification pour cette hypothèse. Les apports des différents équipements apparaissent assez mineurs au regard des contraintes en termes de gestion et de maintenance des parcs informatiques : les Personnes Ressources Informatiques (PRI) ou référents TICE sont souvent dépassées par la complexité des tâches et la surcharge de travail occasionnée. Souvent, et malgré leur engagement vis-à-vis des PRI, les principaux expriment différentes interrogations liées aux tensions générées par la gestion quotidienne de l’établissement, auxquelles viennent se surajouter les questions liées aux utilisations des TICE. Pour un chef d’établissement, ces tensions posent de nouvelles contraintes et ne favorisent pas nécessairement l’évolution des pédagogies mises en oeuvre ; il déclare de manière explicite que les modèles « descendants » persistent, quel que soit le degré de technicité des instruments mobilisés.

3. Des changements lents mais irréversibles.

Au cours des deux années qui se sont écoulées entre les deux études, peu de choses ont manifestement changé : les parcs informatiques sont peu fonctionnels du fait de l’obsolescence ou des limitations des machines ; le débit et l’infrastructure du réseau, voire de l’état du réseau électrique, restent insuffisants. Des questions vives liées à la gestion du budget des établissements sont posées. Le nombre de plans de dotations est important, mais les acteurs des collèges préféreraient disposer d’équipements fiables dans les salles de classes plutôt que des expérimentations ponctuelles de « nouvelles » machines. Pour les enseignants, on relève des attentes et un certain nombre de déceptions. Ils s’entraident afin de développer des pratiques au moyen des équipements auxquels ils ont accès, mais les aspects techniques sont plus représentés dans les échanges que ceux d’ordre pédagogique. Une consultation légèrement inférieure des PRI à celle des collègues est relevée, ce qui fait écho aux difficultés des PRI nouvellement nommés. Malgré les tensions et les difficultés, une certaine curiosité vis-à-vis des « toutes dernières machines » est perceptible et les tentatives pour maintenir et développer des projets autour des TICE sont renouvelées. On peut noter toutefois des effets d’infrastructure que l’on peut juger intéressants. Des enseignants ayant pris l’habitude d’utiliser un vidéo projecteur ou un tableau interactif ont mis en place des préparations tenant compte de ces possibilités de projection. Leurs supports étant faits, ils sont demandeurs de ressources numériques (notamment de manuels numériques) et considèrent que tout établissement doit mettre à leur disposition les technologies de projection collective nécessaires. Ils ne souhaitent pas revenir en arrière. On peut augurer que cela va contribuer à la multiplication des ressources éducatives numériques et que si d’autres conditions sont réunies, cela les incitera à les échanger et à les améliorer collectivement.