Délégation académique au numérique éducatif

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Louise Michel, un collège numérique

Article mis à jour le 29 juin 2023

A l’occasion du reportage réalisé par la D.A.N.E de Créteil au collège Louise Michel de Clichy-sous-Bois (93), M. Stéphane Perrier, professeur d’anglais, nous a accordé un entretien à l’issue de la séance qui s’est déroulée en classe avec sa classe de cinquième. Il revient sur la démarche pédagogique mise en œuvre et, au-delà, sur les apports du numérique dans la facilitation des apprentissages. Ses observations convergent avec celles de ses collègues, notamment M. Thierry Désormais, professeur de mathématiques, et M. Damien Plos, professeur d’histoire-géographie.

D.A.N.E : Quel est l’objectif pédagogique de cette séquence ?

Stéphane Perrier : Le but est de réaliser une tâche finale, à savoir le portrait des membres de la famille royale d’Angleterre. Chaque élève est libre de traiter un personnage de son choix ; l’important est qu’il rédige un texte descriptif pertinent. Dans la suite de la séquence suite, il est prévu que les travaux individuels seront mis en commun afin de constituer une sorte de grande fresque.

D.A.N.E : Pourquoi le choix d’utiliser une carte mentale ?

Stéphane Perrier : Parce que je suis parti d’un constat initial : nombreux sont, parmi les élèves, ceux qui ne savent pas organiser leurs idées au moment de rédiger un devoir, qui ne se sentent pas à l’aise avec le travail de rédaction et qui écrivent au fil de la plume, sans ordre ni méthode. Les résultats ne sont donc pas satisfaisants. La carte mentale a pour but de les aider à trouver et à organiser leurs idées. Il s’agit en effet d’amener les élèves à réfléchir avant de rédiger, de les aider à organiser leurs idées dans le corps du devoir. Ce travail de préparation en amont est essentiel, car très structurant.

D.A.N.E : En effet, c’est le principe même de la carte mentale, que l’on appelle également carte heuristique (« qui sert à la découverte ») : d’abord on se concentre sur les idées et les associations d’idées, que l’on établit de façon plutôt intuitive, et sans se soucier encore de la mise en forme du discours. L’agencement logique des idées vient ensuite. En quoi l’utilisation d’une carte mentale en format numérique vous semble-t-elle particulièrement appropriée ?

Stéphane Perrier : Je constate que l’utilisation d’une carte mentale – ou carte heuristique - sur tablette tactile présente de nombreux avantages pour les élèves. D’abord, pour son côté ludique ; indéniablement, les élèves sont attirés par les écrans tactiles. Sur ce point, mon collègue M. Thierry Désormais fait le même constat, et vous avez pu le constater vous aussi durant la séance de géométrie avec le logiciel GéoGebra. Ensuite, il est assez clair que le statut de l’erreur n’est pas le même. Avec des logiciels de traitement de texte et de carte heuristique, les élèves ont droit à l’erreur : ils peuvent effacer, revenir en arrière, modifier, jusqu’à l’obtention du résultat recherché. Or, ce point me semble essentiel, car il aide les élèves à se motiver et à prendre davantage confiance en eux. Même s’ils ne sont pas à l’aise avec la rédaction, même s’ils se trompent, ils voient qu’ils peuvent arriver à produire quelque chose, et ça, c’est très important pour eux : voir qu’ils y arrivent ! Enfin, last but not least, en utilisant des ordinateurs et des tablettes, les élèves acquièrent des compétences transversales totalement transférables dans d’autres matières, en langues, en français, en histoire/géographie, etc.

D.A.N.E : Pouvez-vous nous préciser davantage cet aspect des choses ? Qu’est-ce que l’usage d’instruments, de logiciels et de ressources numériques apporte aux élèves selon vous ?

Stéphane Perrier : D’abord, il faut bien voir que les élèves utilisent des instruments et des applications numériques ailleurs qu’à l’école, avec leurs téléphones portables notamment. Et, par conséquent, ils croient savoir et maîtriser. Or, c’est peut-être vrai pour les applications en vogue, mais ce n’est pas vrai pour d’autres. Il suffit de voir comment ils utilisent par exemple les traducteurs en ligne : ils se contentent de traductions inexactes, voire carrément fautives, et font ainsi d’énormes contresens ! Il est par conséquent vraiment indispensable de les éduquer aux usages du numérique, de les accompagner vers un usage raisonné des outils numériques.

D.A.N.E : Durant la séquence à laquelle nous avons assistée, nous avons observé que les élèves travaillaient dans un espace de classe organisé en îlots, et qu’ils échangeaient beaucoup entre eux. Ce n’est pas si courant…

Stéphane Perrier : Oui, c’est juste. Avec mes collègues, j’observe que l’usage d’outils numériques permet de développer l’autonomie des élèves et, en même temps, le travail collaboratif. D’un côté, chaque élève peut travailler à son rythme pour faire des recherches sur internet, pour établir une carte mentale, etc. Les outils numériques facilitent ce travail en autonomie. Chacun rédige à son rythme. L’important, c’est qu’il y ait du sens et que l’élève développe de la confiance en soi. Il est clair que la pédagogie différenciée se trouve facilitée avec les tablettes. De l’autre côté, l’élève peut aussi solliciter ses camarades pour recevoir de l’aide. Il y a une logique de soutien mutuel qui se met en place assez vite au sein de chaque groupe. Par exemple, l’élève rédige un premier jet, puis il peut l’enrichir ensuite grâce au travail collaboratif. En fait, on s’aperçoit que, pour chaque élève, la première ressource, c’est le groupe.

La D.A.N.E de Créteil remercie, M. Bourghou Lotfi, principal du collège, les enseignants, M. Stéphane Perrier, M. Thierry Désormais, M. Damien Plos et M. Christophe Noullez, et bien sûr les élèves de 5ème4, pour leur accueil, leur concours ainsi que pour leur témoignage sur les usages du numérique en classe.