Délégation académique au numérique éducatif

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Un recueil de fables numérique

Article mis à jour le 29 juin 2023

La DANE s’est rendue au collège du Petit-Val, à Sucy-en-Brie, pour rencontrer Madame Elodie Camo, professeure de lettres modernes, et les jeunes auteurs de la classe de 6ème 2. L’objet de cette visite consistait à mettre en lumière leur projet de recueil de fables numérique. Après avoir étudié les fables de Jean de La Fontaine, les élèves ont fait l’expérience d’écrire leurs propres fables, puis de les publier sur le site du collège, sous la forme d’un livre numérique consultable directement en ligne.

1. L’étude des fables.

La mise en œuvre de ce projet a commencé de façon presque classique. Les élèves ont tout d’abord été conviés à découvrir la vie et l’œuvre du grand fabuliste français. Mais, de façon moins classique, ils se rendus au centre de documentation et d’information pour mener à bien leurs recherches sur Internet. Guidés par Mme Elodie Camo (leur professeure de lettres), et par Mme Chantal Herbillon (professeure documentaliste très impliquée dans les usages du numérique), les élèves ont eu ainsi accès à de nombreuses ressources (textuelles et iconographiques). Dans un second temps, ils se sont consacrés à l’étude des fables de La Fontaine envisagées sous différents aspects (le déroulement et la composition du récit, le sens de chacune des morales, les règles de la versification...).

2. La rédaction des fables : mise en œuvre d’un atelier d’écriture.

La seconde étape a consisté, comme nous l’avons déjà indiqué, dans l’invention et l’écriture de fables par les élèves eux-mêmes. Répartis en binômes, ils ont reçu les consignes à suivre et les contraintes à respecter : le choix (par tirage au sort) de deux animaux et d’une morale inspirée des fables de La Fontaine, l’élaboration d’un scénario et, enfin, la production d’une illustration graphique. C’est donc en adoptant le principe d’un atelier d’écriture que les élèves ont été invités à faire preuve d’imagination et de créativité : élaborer un scénario, structurer le récit, imaginer des situations et des personnages, organiser les répliques entre les protagonistes, formuler des idées, choisir des rimes, concevoir une image pour illustrer le texte…

3. La réalisation du livre numérique.

Une fois achevé ce travail de création, il restait encore à lui donner une forme compatible avec les exigences du livre numérique. Les élèves ont donc été conviés, une nouvelle fois, à se rendre au centre de documentation et d’information pour saisir leurs productions sur un traitement de textes. Parmi les consignes à suivre, la plus importante était de s’accorder sur la police et sur la taille des caractères, en vue de créer un ensemble homogène et d’obtenir un rendu final harmonieux. Cette étape du projet s’est avérée très stimulante, mais également pleine de difficultés. Car, comme l’indique la professeure, et de l’aveu même de plusieurs élèves, la maîtrise d’un logiciel de traitement de texte ne va pas de soi : utiliser un téléphone portable ou surfer sur internet est une chose ; saisir correctement un texte et le mettre en forme en est une autre. Ce fut donc une excellente occasion pour s’approprier les règles de base. Romain le reconnaît : « Le traitement de texte, au début, c’est plus difficile et plus long que d’écrire sur le papier. Mais après, on s’y fait bien. Mais il faut apprendre à l’utiliser ».

Le travail graphique a donné lui aussi l’occasion de manipuler plusieurs types de logiciels pour la capture et la retouche d’images, les unes réalisées sur papier, les autres trouvées sur Internet puis retravaillées, l’ensemble redimensionné en fonction des effets attendus. Enfin, lorsque fables et illustrations furent achevées, Mme Camo, toujours avec le précieux concours de Mme Herbillon, se chargea de la touche finale : convertir et mettre en ligne les productions des élèves, grâce à un logiciel de présentation de livres à feuilleter en ligne.

Pour permettre ensuite à l’ensemble de la communauté scolaire de découvrir et de partager les fables écrites par les élèves, un article est publié sur le site de l’établissement pour information qui embarque une visionneuse de documents PDF :

4. Le témoignage des élèves.

Lorsque nous avons interrogé les élèves sur la réalisation de ce projet, il est apparu qu’ils avaient beaucoup apprécié cette façon de travailler. De ce fait, leur témoignage permet de repérer quelques uns des apports du numérique dans le processus d’apprentissage.

Tout d’abord, les élèves sont unanimes à reconnaître la dimension stimulante et ludique du travail réalisé avec des outils numériques. Ainsi, Amélie affirme : « C’est amusant, parce qu’on utilise déjà l’ordinateur pour aller sur Internet et pratiquer des jeux en ligne. Mais à l’école, on a l’impression de jouer tout en travaillant  ». Et Valentine ajoute : « C’est amusant. Ça change du travail d’école habituel. Ça nous permet d’apprendre des choses sérieuses mais en s’amusant. Et comme on s’amuse, ça donne envie d’apprendre, et on retient mieux  ». Plusieurs des témoignages recueillis viennent corroborer ce que de nombreux éducateurs (enseignants, psychologues, experts en pédagogie) connaissent bien. Contrairement à une idée encore très fortement enracinée, le jeu et le travail ne s’excluent pas nécessairement. De même que le jeu peut solliciter chez l’enfant des efforts d’attention, de concentration et de réflexion tout à fait importants, de même le plaisir de jouer, en imaginant et en construisant de nouveaux objets, peut stimuler le plaisir d’apprendre et de comprendre. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que l’on parle de plus en plus de « jeux sérieux ».

Les élèves relèvent d’autres aspects importants dans l’usage d’outils numériques en classe : l’efficacité technique dans l’accomplissement de certaines tâches ; la performance et la rapidité dans l’effectuation des tâches difficiles à réaliser avec les outils classiques. Par exemple, trouver des plusieurs types de ressources en ligne, s’aider du correcteur orthographique, tester ses connaissances, s’entraîner par essais/erreurs pour identifier et surmonter ses difficultés. De ce point de vue, le témoignage de Romain est fort instructif : en cours de soutien, accompagné par sa professeure, il s’entraîne à des exercices de révision sur le site en ligne Gratum studium, qui permet de travailler le latin et le français. L’intérêt de ce site, c’est justement de permettre aux élèves de s’amuser en apprenant, et d’apprendre en s’amusant.

Les élèves insistent également sur la notion de partage, directement mise en rapport avec la publication en ligne du recueil numérique. Maxime témoigne : « Mes parents étaient très contents. Au départ, ils n’ont pas compris que c’était nous qui avions fait ce travail. Ils étaient étonnés de trouver notre travail sur Internet parce que, souvent, quand on fait un travail en classe, on ne le trouve pas sur Internet. Et en plus, comme notre travail était assez réussi, mes parents étaient contents  ». Et Anaïs d’ajouter : « Quand mes grands-parents ont vu le livre de fables, ils ont tout de suite voulu l’imprimer, tellement ils le trouvaient beau. Mais après, j’ai demandé à Mme Camo et elle nous a montré comment on pouvait faire. »

5. Le point de vue de la professeure

DGL : Quel était votre objectif initial avec la réalisation de ce recueil numérique de fables ?

Mme Camo : A vrai dire, le recueil numérique n’est pas en soi mon principal objectif. D’abord, parce que je ne suis pas une experte dans ce domaine et, ensuite, parce que je ne crois pas que le numérique constitue une fin en soi. Mon objectif véritable, c’est de faire davantage participer les élèves, faire en sorte qu’ils deviennent non seulement des lecteurs de fables, mais encore des auteurs, capables de produire des textes de qualité, même à un niveau modeste. Ensuite, pour la partie numérique, j’ai pu vérifier que les élèves sont très demandeurs. J’ai déjà expérimenté cette formule l’an passé, et cela a très bien fonctionné. Ce qui n’est guère surprenant, car la plupart d’entre eux se servent déjà d’ordinateurs ou de téléphones portables et qu’ils vont sur Internet. C’est pour ces raisons que l’idée d’un recueil numérique me semble intéressante à exploiter ».

DGL : D’où votre idée de mettre en place quelque chose qui ressemble un peu à des ateliers d’écriture ?

Mme Camo : Oui, l’idée est là, mais en restant réaliste et modeste (rires). Je vois que les élèves apprécient qu’on leur donne des consignes à suivre et des contraintes à respecter, car elles leur permettent de structurer leur travail et, à la fois, de stimuler leur imagination et leur créativité.

DGL : Cela vous a-t-il pris beaucoup de temps ? Et cela vous a-t-il paru difficile ?

Mme Camo : Entre les premières séances d’écriture et la production finale, il a nous a fallu environ un mois. Pour la rédaction, les élèves se sont montrés imaginatifs, impliqués et enthousiastes. De même pour le traitement numérique des fables. A ce propos, j’ai conduit ce projet avec mes deux classes de sixième, la classe de 6ème 2 (que vous venez de rencontrer) et celle de 6ème 6 qui s’est montrée aussi enthousiaste. Leurs réalisations sont publiées sur le site du collège, dans la rubrique « Actualités ». En tant qu’enseignante, je ne trouve pas ce projet très complexe. Il existe maintenant des logiciels d’un accès facile et d’un usage simple, qui n’exigent pas un niveau avancé.

DGL : L’usage d’outils numériques apporte-t-il des changements dans votre manière d’enseigner ?

Mme Camo : Oui de plus en plus. Désormais, je ne conçois plus de préparer mes séquences pédagogiques sans passer par Internet ou par l’usage d’outils numériques avec les élèves : par exemple, leur demander de faire des recherches sur la biographie des auteurs, ou encore faire des séances de soutien avec le site en ligne Gratum studium …

DGL : Gratum studium ? Un site en latin ? De quoi s’agit-il ?

Mme Camo : Il s’agit d’un site dédié qui permet de travailler le latin (la grammaire, la mythologie, la civilisation), mais également le français (la grammaire, l’orthographe et le vocabulaire). L’intérêt de ce site, c’est justement de permettre aux élèves de réviser de manière agréable et ludique. D’où son nom : Gratum studium : le plaisir d’apprendre…

DGL : Et donc, une occasion de concilier les humanités classiques et les humanités numériques ?

Mme Camo : Oui, tout à fait. Et, également, de permettre aux élèves qui ont des difficultés de s’entraîner sans éprouver le sentiment qu’on leur inflige une « double peine ».